Victor 1er (189-199)
14e Pape de l'Eglise Catholique
Dernière mise à jour : sáb. 8 feb. 2020 - 10:59
Victor 1er, premier pape latin, né en Afrique. Il fit peut-être progresser la latinisation de l'Église romaine, jusque-là dominée par l'influence gréco-orientale. Il fut le plus énergique des papes du IIe siècle. Il s'efforça d'amener les autres Églises à la pratique romaine de la célébration de la fête de Pâques. Mais les Églises d'Asie Mineure refusèrent d'abandonner l'antique 'pratique quarto-décimane' qui consistait à faire coïncider la fête de Pâques avec la célébration pascale des Juifs (le 14 Nissan). Victor proclama que ces Églises étaient exclues de la communion de l'Église catholique. Saint Irénée, dont l'Église de Lyon avait accepté les décisions du pape, rappela sans ménagement à Victor que tous les papes précédents jusqu'à Soter avaient été indulgents envers la 'pratique quarto-décimane', à une époque où Rome elle-même ne célébrait pas la fête de Pâques. On ne sait pas comment Victor réagit. Victor est le premier pape dont on sait qu'il eut affaire à la maison impériale. Par l'intermédiaire de Marcia, une chrétienne qui jouissait de la confiance de l'empereur Commode, il lui fit parvenir une liste de chrétiens condamnés aux mines de Sardaigne et les fit délivrer. Par une ruse, le futur pape Calixte fut délivré au même temps.
Victor 1er occupa, sous les empereurs Commode et Septime Sévère, le siège de Saint Pierre à Rome. Nous aurons ultérieurement, nés aussi en Afrique, les saints papes Gélase Ier et Milciade. En cette fin de IIe siècle, les conversions inquiètent l'empereur par leur nombre, mais aussi le pape Victor par leur fantaisie.
Des chrétiens, condamnés par l'empereur, purgent leur peine de travaux forcés en Sicile. Victor intervient. Dans sa narration du Curriculum vitae de Calliste, Hippolyte nous raconte comment : il agit auprès de Marcia, dont il sait que l'intervention auprès de l'empereur – elle est sa maîtresse – sera efficace. En effet, le pape communique aux autorités la liste des chrétiens à élargir.
En bon Berbère, il rappelle à la sagesse occidentale le rôle important des lois pour la marche des sociétés. Puis il s'occupe de remettre tout en ordre dans l'Eglise dont il surveille minutieusement l'organisation, confirmant de son autorité – et il n'en manque pas ! – les progrès nécessaires.
Pour assurer à sa base la foi catholique, il établit la liste des livres sacrés – car là encore, à cette époque, une certaine fantaisie règne ! – il reconnaît quatre Evangiles, ce que saint Irénée établira avec tant de force.
L'Eglise ne cesse de s'étendre. Il faut faire face aux besoins créés par la venue de nouveaux chrétiens. Alors Victor, qui a promu douze évêques en divers lieux – à l'exemple des Berbères – crée aussi des clercs surnuméraires. Souvenons-nous qu'au premier concile de Carthage, peu après 200, on comptera 70 évêques pour l'Afrique Proconsulaire (Tunisie) et la Numidie. Combien sont-ils dans d'autres pays ?
Trois évêques en Italie, quatre en Espagne. Et en Gaule ? Jusqu'au milieu du IIIe siècle, un seul et unique évêché : celui de Lyon.
Le Pape s'attache à revoir les formules des prières et des rites, celles de la consécration épiscopale, de l'ordination des prêtres, diacres, confesseurs, lecteurs, sous-diacres, des confréries de veuves, des communautés de vierges, et s'occupe tout spécialement de la formation des nouveaux venus : trois ans de catéchuménat, proclamation solennelle et publique des catéchumènes. Il tient à faire de ces hommes, hier encore de moeurs barbares, des chrétiens respectables.
Voici qu'un premier schisme menace l'Eglise : les Asiates célébraient la fête de Pâques le 14e jour de la lune de mars, et les chrétiens d'Occident la fêtaient le dimanche suivant, jour de la résurrection du Seigneur. Le pape Victor, pour cette raison, veut imposer l'usage romain. L'évêque d'Ephèse, Polycrate, lui écrit : « Je ne me laisse pas intimider. Plutôt obéir à Dieu qu'aux hommes. » Les choses sont donc graves. Le Pape provoque la réunion de synodes provinciaux contre les Eglises d'Asie, saint Irénée, le grand penseur, supplie le Pape de renoncer à l'excommunication des orientaux. Le conflit est évité. A propos de la question pascale, les apologistes de la primauté romaine voient, dans la façon dont fut menée et conclue cette affaire, une « épiphanie de la papauté ». C'est une manifestation triomphante de Pierre en Victor !
Le pape Victor veille à ce que soit respecté le droit de regard universel de l'Eglise de Rome sur l'ensemble des Eglises. Des conciles régionaux reconnaissent et confirment son autorité.
Même autorité dans le domaine doctrinal. L'hérésie gnostique naît et se développe : contre cette doctrine philosophique et religieuse, que Daniel- Rops nommera « une aberration de l'intelligence », Victor assemble des synodes régionaux. Il excommunie Théodote, corroyeur de Byzance, qui voyait dans le Christ un homme et non Dieu. Dans le trouble que crée la polémique littérale entre Proclus, montaniste, et le prêtre Caius, Victor soutient son prêtre.
L'action du Pape sur les masses est splendide : il se sait le chef – « tu es Pierre ! » – il parle et agit comme tel. Saint Jérôme a écrit que Victor fut le premier écrivain chrétien à se servir du latin. Il se pose en champion vigoureux de l'esprit latin, romain et occidental.
Pape, Victor n'en demeure pas moins Berbère, avec sa fierté, son honneur, sa notion de patrie. Alors, il part en guerre contre tous ceux qui osent toucher à sa « Patrie », sa Patrie- Eglise, sa Patrie-Siège romain, sa Patrie-Liturgie romaine.
Victor est enseveli au Vatican. Avec les papes, ses prédécesseurs.
Victor 1er est vénéré par l'Église comme saint et fêté le 28 juillet.
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